Once upon a timeGwenn est née à Beacon Hills, petite ville en Californie. Cet endroit était calme, et pratiquement tout le monde se connaissait : pratique pour élever un enfant. La petite Gwenn avait un frère, Jay, qui avait trois ans de plus qu'elle. Malgré leur légère différence d'âge, ils s’entendirent tout de suite. Tout d'abord, il faut savoir que Gwenn et Jay ne sont pas vraiment frère et sœur. Jay a été adopté par les Anderson, et sa petite sœur est née dans cette famille. Malgré tout, ils préfèrent dire qu’ils sont du même sang.
Son enfance fut très calme, tout comme la ville. Gwenn n'allait pas voir les autres enfants, sauf en compagnie de Jay. Il était son pilier, son meilleur ami… son frère. Il n'y avait pas d’autres mots. Il était, est et sera toujours son frère, celui qu'elle aime plus que tout au monde. Oui, Jay était tout pour elle.
Les choses étaient… quotidiennes à Beacon Hills. Gwenn savait ce qu'elle allait faire dès le matin, à force : lever sept heures, douche à neuf heures et sortie avec Jay. Le weekend, il fallait passer à la librairie pour ne pas devenir une abrutie – c’était ce que disait Jay – et aller voir les amies de Maman, pour prendre des nouvelles et jouer avec leurs enfants. Le mercredi était sûrement la journée préférée de Gwenn, parce qu'elle allait chez les voisins, qui lui offrait toujours une bonne tranche de gâteau à la banane. Oui, tout était prévu, car tout était pareil.
Un soir, alors qu'elle avait dix ans, Gwenn vit une étoile filante. Elle était dans sa chambre, en train de jouer avec les voitures de collection de Jay, qui n’était pas là, allez savoir pourquoi. La petite fille, en voyant l’étoile filante, s'empressa de fermer les yeux et de croiser les doigts, pensant très fort à son vœu.
« Je veux que les choses changent. Je veux que la ville bouge. Je veux que tout change. » Peut-être qu'elle n'aurait pas dû.
Bien sûr, les choses n'ont pas changées tout de suite. Non, disons juste qu'il y avait eu un incendie et des morts, mais Gwenn n'en entendit parler que plusieurs années après. En vérité, les choses changèrent vers ses seize ans.
Ah, le lycée ! Elle y était depuis, quoi, un an ? Peut-être un peu moins. Bref, le plus important était que, comme toute adolescente qui se respecte, Gwenn faisait des bêtises, communément appelées conneries par ses parents et son frère. Et ces conneries lui apportaient pas mal de problèmes, notamment des heures de colle. Par contre, elle n'avait pas prévue une chose : frôler la mort à cause d'un loup-garou.
Si, si, un
loup-garou ! Ah, oui, ça existe ! Ce ne sont pas des horribles bêtes toutes moches comme dans Harry Potter, ou encore des gentils loups qui sauvent les Hommes, car Twilight dit n'importe quoi. Non, un loup-garou est… un loup, un animal avec une fourrure, un museau et des petits yeux ; enfin, pour les plus forts d'entre eux. D'ordinaire, ils gardent une apparence humaine, mais ont des oreilles pointues, des crocs, un début de fourrure sur le visage et des griffes. Comment le sait-elle ? Parce que son frère le lui a dit.
C'était la nuit, la pleine lune qui plus est. Gwenn aurait dû rentrer chez elle, mais elle ne voulait pas. Trop occupée à essayer d'éteindre sa première cigarette, elle ne remarquait pas une forme noire dans son dos. Heureusement pour elle, un craquement se fit entendre, et elle se retourna vivement, fixant la bête en face d'elle.
Un jeune homme, avec une apparence hideuse. Des incisives acérées, dégoulinantes de bave, des oreilles pointues et des griffes. Ses yeux étaient bleus comme le ciel, et il lâchait des râles sourds. Gwenn ne réfléchit pas à deux fois : elle courue. Et ce… cette chose, qui la suivait. Cette chose, ce
monstre ! Il était plus rapide qu’elle, et Gwenn sentait que l’air lui manquait.
Après quelques minutes de course, elle trébucha sur une racine, et tomba sur le sol ; la jeune fille eut le souffle coupé pendant quelques secondes, avant de tousser, recrachant un morceau de feuille qui s’était installé dans sa bouche. Entendant un grondement sourd, elle se retourna et recula, n’essayant même pas de se relever. Il était trop tard, de toute façon, non ?
La bête s'approchait, et Gwenn tremblait d’appréhension : elle avait les larmes aux yeux, sa respiration était saccadée et elle était parfois secouée de spasmes. Alors, comme pour se protéger de la bête, elle hurla. Un cri aigu, qui reflétait sa peur. Elle préférait mourir de cette manière, si c'était sa destinée.
Entendre les pas de la bête à moitié humaine, ses grognements sourds et sentir son haleine tellement il était proche était horrible. Gwenn laissa couler les larmes, suppliant cette bête de la laisser en vie. Peut-être qu'elle comprendrait ? « Je t’en supplie, ne fais pas ça ! Je ne voulais pas te déranger, je te le jure ! Je ne reviendrai plus, je te laisserais tranquille, mais laisse-moi partir ! Je t’en supplie… » Elle gémissait ces paroles, les répétait, doutait de leur sens véritable. N'étais-ce pas une invitation à la tuer ? Cette bête était peut-être sanguinaire… peut-être étais-ce un psychopathe.
Gwenn l'avait comprit depuis longtemps, que ses excuses et supplications n’auraient aucun effet. Malgré tout, elle continua de supplier la bête, alors que ses crocs se rapprochaient. Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Rien ! Elle avait des bonnes notes, des amies et plusieurs prétendants, ainsi que la popularité ! Elle essayait d’être la meilleure fille et sœur possible, alors pourquoi ?!
Et, alors que les crocs baveux de la bête allaient se planter dans sa chair, un coup de feu retentit. Gwenn rouvrit les yeux, ne se souvenant pas les avoir fermés. Qui avait tiré ? Qui l’avait sauvé ? Jay.
Il semblait… différent. Un pistolet en main, il regardait ce qu'il restait du jeune homme. Pourquoi avait-il tué cet homme ? Pourquoi avait-il une arme ? Et comment l’avait-il retrouvée ? Gwenn avait tellement de questions, mais elle ne pouvait pas parler : elle avait une boule dans la gorge, reniflait et avait déchirée un bout de son pantalon. Enfin, elle était couverte de feuilles et de boue séchée. Elle put seulement lâcher un gémissement, secouant doucement la tête en pinçant les lèvres. « Jay… »
Il lui expliqua ensuite ce qu'il se passait à Beacon Hills. Les Chasseurs, les Loups-garous, les Banshees… Il y avait tellement de choses à retenir. Un code, des secrets, du surnaturel. « Nous chassons ceux qui nous chassent. » C’était le code. Une autre phrase, étrange. « Les hommes sont des combattants, tandis que les femmes dirigent. » Pourquoi ? Allez savoir, Jay ne lui a rien dit. Tout ce que sait Gwenn, c’est que depuis ce jour, elle est devenue une Chasseuse, s’entraînant auprès de son frère. À peine un an plus tard, elle entendit parler d’un nouveau dicton, qui était beaucoup plus vrai que l’ancien. « Nous protégeons ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. » Il fallait protéger, pas tuer. Et, même si Gwenn reste sans pitié, elle approuve ce dicton.
Quelques mois après être devenue Chasseuse, Gwenn rencontra un garçon. Il était différent des autres : il était spécial. Sa mère lui dit que c'était l'amour qui lui donnait cette impression, mais Gwenn refusa de la croire. Pourtant, elle avait raison ; l'amour lui jouait des tours, et Gwenn le découvrit quelques semaines plus tard.
Le garçon s'appelait Alex, et il avait dix-huit ans. Gwenn avait connue plusieurs garçons, voire des filles, mais c'était généralement pour accomplir son travail en tant que Chasseur. Ils ont finis par sortir ensemble, et ils ont vécus une belle idylle digne d’un conte des frères Grimm. Malheureusement, ça ne dura pas.
Une nuit, Gwenn se décida à suivre Alex, convaincue qu'il voyait une autre fille en cachette. Sauf qu'il n'y avait aucune fille. Il s'arrêta dans la forêt, et Gwenn se cacha quelque part, essayant de ne pas abîmer son revolver : elle avait prit l'habitude de sortir avec une arme, au cas où un monstre sortirait de nulle part. C'était la pleine lune, comme tous les mois. Raison de plus pour sortir avec une arme.
Un long râle se fit entendre après de longues minutes de silence, alors que la jeune fille écarquillait les yeux. Sous ses yeux se transformait… Alex. Son petit-ami. Elle déglutit et posa sa main sur son revolver, ignorant sa boule dans la gorge et la sensation étrange dans son ventre. De la peur. La peur de réaliser qu'Alex était en réalité un loup-garou, la peur d'être aussi aveugle que ça, la peur de devoir utiliser son arme… La peur de devoir tuer son premier amour.
Après quelques minutes, Gwenn sortit des fourrés, sortant son arme et la pointant dans la direction d’Alex. Celui-ci se retourna vers elle, et la Chasseuse eut un pincement au cœur ; comment pouvait-il avoir ce regard effrayé ? Comment pouvait-il garder son côté humain ? Il ne faisait que lui rendre les choses plus dures !
Ils se sont tous deux fixés. Le Loup, et le Chasseur. C’était si ironique. Il fallait croire qu’un Chasseur devait être avec un Chasseur, pour être sûr de ne pas se faire avoir. « Gwenn… » Il avait murmuré son nom, la suppliant du regard. Gwenn connaissait ce regard : elle avait eut le même. Ce regard, qui voulait tout dire. Il n'y avait pas besoin de paroles, et Alex l’avait comprit. Il voulait juste vivre, peut-être qu'il n'avait rien demandé de tout ça. Mais elle ne pouvait pas le laisser en vie ! Si ?
Alex a esquissé un mouvement, et Gwenn a fait semblant de vouloir appuyer sur la détente. Son petit-ami s'arrêta. Le silence régnait, il n’y avait aucun bruit, à part leur respiration.
Après une éternité, Gwenn fit son choix. « Nous protégeons ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. » Puis elle tira.
Les mois passèrent, et Gwenn continuait de tuer ceux qu'elle appelait monstres. Son problème ? Elle veut bien faire, et elle peut bien faire. Sauf qu'elle ne suit pas les dictons. Du moins, pas comme il faut. La pauvre ne les comprend pas, du moins pas comme il faudrait : pour elle, un simple humain ne peut se protéger des créatures surnaturelles, c'est pourquoi elle les tue toutes. Le problème est sûrement qu'elle protège les humains, et seulement eux ; les autres aussi méritent une protection, mais Gwenn ne s'en soucie pas, trop obsédée par son envie de réussite. C'est certainement sa plus grande faiblesse.
Personne ne connaît son secret, sinon ils n’ont rien dit. Depuis Alex, Gwenn préfère sortir avec des filles. C’est compréhensible. Sa relation avec son frère n'a pas changée, Jay et elle sont toujours aussi proches. Actuellement, elle soupçonne plusieurs élèves de Beacon Hills School d'être des monstres, mais peut-être qu'elle se trompe. Ce qui est sûr, c’est qu'elle est prête à tout pour protéger les autres.
« Nous protégeons ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. » — Allison Argent