« Quand les autres disent du mal de toi, ne rends pas le mal, mais réfléchis que tu n'as pas été non plus toujours fidèle dans l'accomplissement de tes devoirs. »

Inéluctablement nos pas nous ramènent vers un juste retour des choses, le bien nous est rendu, le mal nous l’est également, pour que le balance ne pèse jamais davantage d’un côté. C’est ce que pensait Hisae sans jamais avoir la foi de provoquer le bien. Suite à son entrevue avec Peter Hale, l’esprit de la japonaise s’était embrumé et avait éveillé en elle beaucoup de colère. Si elle était consciente de son état et de toutes les conneries qu’elle faisait depuis son arrivée à Beacon Hills, , elle n’acceptait pas que ses parents lui mentent ou lui cachent des choses, qu’ils ne lui disent pas pourquoi ils avaient pris la décision de venir dans cette ville en particulier. Maintenant il était clair qu’elle n’était pas l’unique bizarrerie du coin, elle en avait eu la preuve, très nette et très claire, aussi brillante et froide que les yeux du dit… loup-garou. La lycéenne nageait en plein délire. Elle si attachée à son folklore aurait préféré que la nature et le surnaturel s’en tienne aux gentils renards et aux bons esprits, car bien qu’on lui dise le contraire, pour elle, les loup-garous étaient pour la plupart très dangereux. Du moins quand ils ne semblaient pas entraînés à ne pas déchiqueter les gens dans la forêt. Inévitablement, Hisae en était venue à se poser des questions, et ces questions, elle les posa ensuite à ses parents, et davantage à sa mère. Une fois encore, elle se heurta à un mur, ce qui aiguilla un peu plus sa colère. Les choses dégénérant, elle leur avait claqué la porte de sa chambre au nez. Si elle n’avait pas ce qu’elle voulait ici, elle l’aurait bien ailleurs. C’est là que le papier de Peter entrait en scène. Elle n’aimait pas l’idée qu’il ait réussi à la mettre dans ses filets, mais aller jouer les sales gosses en fugue avec lui était toujours mieux que de marmonner et maudir le monde dans son coin.

Prenant un sac et y casant le strict nécessaire, Hisae prit la poudre d’escampette par la fenêtre de sa chambre. Elle savait où aller, à peu de choses près, et comptait bien sur son instinct de Kitsune pour lui indiquer avec plus de clairvoyance le chemin. Se balader en pleine forêt, la nuit, n’était pas la meilleure idée du siècle, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix. Elle ne connaissait pas encore très bien les environs, mais elle se disait qu’il ne devait pas y avoir cinquante manoirs perdus au milieu de nulle part. Il n’y avait d’ailleurs que les tarés et les psychopathes pour aller se terrer au fin fond d’un trou perdu, mais venant d’un loup-garou, ça ne l’étonnait guère. Poursuivant sa route au milieu de la nuit, à pieds, elle atteignit la forêt et décida de s’y fondre, pour chercher le fameux manoir. Elle n’avait pas eu envie d’appeler avant, pour demander conseil ou quoi que ce soit. Ne connaissant que trop bien la réaction des adultes, elle était certaine qu’il lui aurait dit de rester gentiment chez elle et d’éviter de faire des bêtises. Comme si elle allait obéir. C’est pour cela qu’elle se contenta de lui envoyer un simple message, “Je suis en chemin”, alors qu’elle traversait déjà les sentiers perdus entre les arbres sombres.

Elle dut bien faire de grands détours, ou passer par trois fois sur le même chemin, mais finalement, au bout d’une heure de recherche, elle tomba enfin sur le manoir… Totalement en ruines. Un endroit pas vraiment chaleureux ni accueillant. La jeune femme se dit que Peter Hale devait vraiment être atteint pour habiter dans un endroit tel que celui-là. Hésitante, elle s’approcha pourtant et vint toquer à la porte du manoir, sait-on jamais. Peut-être qu’il n’y avait personne ? Elle aurait sans doute dû appeler finalement… Pff, comme si ! Elle se permit de tourner la poignée et de passer la porte d’entrée.

— Il y a quelqu’un ? Peter ?

« Quand les autres disent du mal de toi, ne rends pas le mal pour le mal, mais réfléchis que tu n'as pas été non plus toujours fidèle dans l'accomplissement de tes devoirs. »

Hisae ne s’attendait pas à trouver quelqu’un d’autre que Peter dans cet endroit en ruines. Quand l’inconnu sortit de l’ombre et lui dit sur un ton peu amical que cette maison décrépite était une propriété privée et que donc elle n’avait rien à y faire, la japonaise se plaça presque sur la défensive. Elle observa l’individu de ses petits yeux mais n’en perdit pas moins du cran. Maintenant qu’elle était là, elle ne comptait pas être foutue dehors. Néanmoins maintenant c’était clair : on ne pouvait décidément pas croire sur parole ce Peter, mais elle se doutait également avoir très mal choisi son moment. Elle ne se laissa pas démonter et continua d’avancer pour tendre les informations et les coordonnées que le loup-garou lui avait donné.

— C’est Peter Hale qui m’a dit de venir ici en cas de besoin où si je voulais en savoir plus sur certaines choses, là en l’occurrence j’en ai besoin, alors je suis venue mais j’ai l’impression qu’il n’est pas là ou qu’il a dû… Me rouler. J’avoue avoir laissé un message très tard aussi, mais j’avais besoin de lui parler.

Elle se recula ensuite, mieux valait ne pas tenter le diable inutilement. Elle ne savait pas qui il était, s’il avait seulement un lien avec celui qui l’avait amenée ici, mais elle eut l’impression de discerner comme un très léger air de famille, à cause des yeux. Pas des yeux brillants et bizarres qui font phare la nuit, non, mais de ces mêmes yeux très clairs qui leur donnaient à tous les deux l’air de porter le monde sur les épaules. La lycéenne ne s’en sentit que plus méfiante encore. Est-ce qu’au moins il ne l’attraperait pas pour la mettre dehors ? Car elle se voyait mal retourner sagement à la maison alors que deux heures avant, elle avait fugué. Elle ne voulait absolument pas croiser ses parents avant un moment.

— Vous connaissez Peter, au moins…? Sinon moi c’est Hisae, il vous a peut-être parlé de moi, si vous êtes une de ses connaissances… J’ai besoin d’aide, et surtout d’un endroit où dormir cette nuit.

Bon bien sûr, loin de s’imaginer une chambre dans un hôtel de luxe avec petit-déjeuner servi au lit, mais la japonaise ne pensait pas non plus finir dans la poussière et les cendres. Soucieuse de ne pas trop agacer son interlocuteur, elle essaya de relativiser.

— Ecoutez, je vais juste me poser dans un coin et ne plus bouger ni ne rien dire jusqu’à ce que je vois Peter, ça vous va ? Promis je serai sage.

Elle prit une bouille d’innocente à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Elle ne tenait pas trop à dormir dans la nature, et il y avait des limites à son statut de renard.