D
ire que Lux était légèrement agitée était un euphémisme. L'hyperactive qu'elle était ne pouvait pas s'empêcher de vouloir vaquer à diverses occupations, parfois en même temps. Si, depuis son installation à Beacon Hills, elle s'était plutôt tenue tranquille, le temps de se faire au changement, le temps de prendre ses marques, cela faisait quelques semaines qu'elle ressentait le besoin d'avoir une autre activité en plus de sa profession et de ses soirées en ville.
L
a jeune femme, pleine d'entrain, avait d'abord songé à l'hôpital. Elle y avait fait un stage, le week-end essentiellement, pour voir si le milieu lui convenait. A la fin de ce stage, elle avait prit contact avec l'un des employés aux ressources humaines. Elle aimait aider les gens, et elle était prête à démarrer une formation d'infirmière en même temps que son travail à la bibliothèque du lycée. Seulement, il y avait un bémol. D'après les renseignements qu'elle avait eu, elle ne pourrait pas exercer seulement à temps partiel à l'hôpital, comme elle l'envisageait. Il lui était nécessaire de quitter son emploi actuel pour se donner à fond dans l'autre.
S
i elle n'avait pas été aussi passionnée par les livres, par la culture et la connaissance, peut-être qu'effectivement elle aurait envisagé cette option. Mais la lecture, c'était sa passion. Elle trouvait ça exaltant, et rafraîchissant. Elle ne pouvait même pas considérer l'idée de quitter ce qu'elle faisait. Elle avait donc laissé tomber cette idée de formation infirmière, et elle avait recommencé à chercher. Elle avait épluché les petites annonces, les agences d'emploi, les forums d'orientations et elle avait même élargi sa recherche à tout le comté. Mais ce n'est pas là qu'elle trouva son bonheur.
L
'idée qui remporta son adhésion lui fut soufflée par une infirmière qui s'était occupée d'elle lorsque la brunette était allée faire soigner ses doigts blessés. A discuter, de tout et de rien, le sujet d'Eichen House était venu sur le tapis. L'infirmière, qui était parfois appelée à l'asile lorsque ces derniers nécessitaient du personnel en plus, trouvait dommage qu'il n'y ait pas plus d'activité stimulante pour les patients. Elle louait l'investissement de Marine Morell, également conseillère d'orientation et psychologue au lycée, qui y exerçait de temps à autres.
M
algré son tempérament impulsif, Lux a su retenir sa fougue pour se renseigner plus avant. Elle avait été voir directement dans l'établissement de santé, elle avait fait des recherches sur internet, elle avait aussi parlé à la psychologue du lycée, et elle avait finalement monté un dossier qu'elle espérait solide et intéressant. La bibliothécaire s'était vraiment investie dans cette idée, et elle avait porté sa suggestion à la direction d'Eichen House.
S
on projet était plutôt simple, en réalité. Il s'agissait de créer un atelier de lecture, et de tout ce qu'on pouvait faire autour de ce thème, au sein de l'asile. Elle se proposait d'animer, quelques heures par semaine, cet atelier pour faire voyager les patients, pour leur donner envie de guérir, d'avancer ou même pour les focaliser sur quelque chose. Elle comptait y développer de la lecture en commun, des recherches sur diverses thématiques, des discussions autour des livres lus, et ainsi de suite. Elle avait aussi ajouté, en post-scriptum, qu'elle pourrait venir faire acte de présence auprès des patients catatoniques pendant les week-end, pour leur lire quelque chose, leur parler, leur faire sentir qu'ils n'étaient pas seuls. La brunette était persuadée que ces patients, plongés dans le coma ou dans un état second, pouvait prendre en compte ce qui se passait dans le monde extérieur. Elle pensait que s'ils se sentaient soutenus et aimés, ça les aiderait à revenir à la conscience. Dans tous les cas, ça ne pouvait pas faire de mal.
P
endant deux semaines, elle n'avait pas eu de nouvelles. Elle s'inquiétait, elle en venait même à douter de la viabilité de son projet. Et puis un matin, aux alentours de dix heures, un appel avait fait vibrer son téléphone. La bibliothécaire ne connaissait pas le numéro. Curieuse, elle avait répondu. Et elle avait sauté de joie. La direction d'Eichen House souhaitait s'entretenir avec elle.
A
partir de cet instant, le projet s'est mis en marche. Il n'a pas fallu plus de quelques jours pour tout mettre en place. Parallèlement, la brunette avait également parlé avec le directeur du lycée, lui faisant part de son projet et lui demandant s'il était possible de se ménager quelques heures de libre par semaine. Il accepta. Et c'est ainsi que, les mardi, mercredi et jeudi, à partir de quinze heures, la jeune femme partait du lycée pour aller faire une bonne action à l'asile.
C
e mercredi ne fit pas exception. Ayant démarré les ateliers depuis deux semaines, la jeune femme se sentait heureuse. Elle faisait ce qui lui paraissait être utile, et qui lui plaisait, et elle avait la chance de pouvoir échanger avec les patients. Le temps passa très vite, encore une fois. Bientôt, il fut l'heure de ranger les livres. Avec un sourire, Lux remercia les participants et les encouragea à avancer la lecture du livre du mois.
M
ais elle ne partit pas aussitôt pour autant. En vérité, elle aimait s'attarder pour répondre aux questions et donner des conseils à ceux qui en avait besoin. Il avait beau être presque dix-huit heures, la bibliothécaire ne ressentait pas la fatigue. Tout en remettant soigneusement les livres dans les étagères, elle adressa un sourire lumineux à l'une des adolescente qui participait à cet atelier.
«
Eh bien, Malia, vous avez trouvé l'atelier intéressant aujourd'hui ? »
L
ux éprouvait toujours ce besoin de s'assurer que ce qu'elle faisait plaisait. Ce n'est pas qu'elle manquait de confiance en elle -non, quiconque la connaissant ne pouvait assurément pas dire ça- mais elle voulait se rassurer malgré tout, être certaine que ses élèves ne s'ennuyaient pas. Elle était à l'écoute du moindre soucis, voulant faire de son mieux pour que tout se passe bien.