Once upon a time
Boum.
Paf.
Vlan.

Trois onomatopées qui résument parfaitement ma vie, et qui sont les plus récurrentes dans une de mes journées. A croire que les objets ont tellement peur de moi qu'ils refusent de rester plus de cinq minutes dans mes mains. Vous entendez un de ces trois sons ? Pas besoin de chercher. C'est moi.

Vous entendez hurler dans une maison, à propos de la honte de la famille ? Cherchez pas non plus, c'est de moi qu'on parle. Apparemment, c'est de la faut de mon esprit anarchiste si on en est arrivés là. Je ne suis pas rousse, je ne suis pas distinguée, et je n'ai pas leur caractère froid, indépendant et sauvage. Je suis maigrichonne, incapable d'aligner plus de trois mots d'irlandais correct, et je m'amuse avec un appareil photo plutôt que de m'intéresser à l'économie. J'ai surtout été une source de distraction pour mon frère, qui aurait pu être un Alpha potentiel, si, suite à une dispute, il n'avait pas pris la poudre d'escampette.

"Mycroft à Sherlock, vous me recevez ?"

Je souris à mon frère. Je l'ai retrouvé. Ca n'a pas été une mince affaire, mais nous voilà, ici, à Beacon Hills, tous les deux, dans le même appartement. Notre mère était fan de Sherlock Holmes. Elle nous a appelés comme eux. Mycroft, pour un mec c'est bizarre. Mais alors, Sherlock pour une fille ? Vous n'y pensez même pas. C'est tellement étrange que tout le monde croit toujours mal entendre. Et les prénoms, ce n'est pas la seule chose étrange chez nous. Nous sommes des loups-garous de naissance, et désormais des omégas, puisque nous avons quitté notre meute.

"Cinq sur cinq."

Mon frère est l'aîné. On a huit ans d'écart, et c'est pas tous les jours facile de vivre ça. Après notre naissance, chacun notre tour, on nous a appris à nous contrôler. Pas de suite. A l'âge de cinq ans, j'ai réussi à trouver un point d'ancrage. Mon grand frère. Les soirs de pleine lune, j'étais enfermée dans la cave avec les autres louveteaux de la meute. Chacun dans une pièce, et ce, jusqu'à ce que j'apprenne à me contrôler pleinement. Même si, contrairement, à mon père, j'étais transformée, je n'essayais pas de bouffer tout ce qui bouge, et c'était déjà un miracle en soi. Par contre, ma maladresse, elle, était un véritable fléau. Incapable de garder quelque chose dans les mains plus de dix minutes sans que ça se casse, ou de marcher sans m'étaler tous les cent mètres au moindre obstacle. Et puis contrairement à tous les autres, j'étais maigrichonne, plutôt petite, et pas vraiment endurante. C'est venu avec le temps.

Puis je suis grande gueule aussi. Ca s'est développé avec les années. Si j'ai quelque chose à dire, je ne me gêne pas et je dis tout, exactement comme je le pense. Or, dans une meute hiérarchisée, ça se fait pas. L'Oméga a pas à l'ouvrir. Et je suis pas faite pour la vie en haute société à laquelle on me préparait. New York, c'est bien, c'est beau, c'est joli, mais la vie sophistiquée, loup-garou ou pas, c'est juste horrible. Le premier à avoir craqué, c'est mon frère. Ils l'ont cherché. Parce que lui, il était beau, bien, futur économiste, doué à l'école, et surtout pas artistique comme moi. Ils ont dit que c'était de ma faute s'il était parti et que j'avais intérêt à les aider. Le truc, c'est que quand votre point d'ancrage disparaît, il est dur, voire très dur de se maîtriser. Je devais faire la part entre les sentiments et moi. Et je ne sais pas faire ça. Les sentiments sont ce qui fait de moi, bah... Moi. Lors de la Pleine Lune, ils m'ont re-fichue dans la cave.

Pendant neuf lunes.

Jusqu'à ce qu'il y aie cet appel. Ce cri faible, dans ma tête. Cet appel au secours. Ce mal de tête continu. Et cette attraction. J'ai cru d'abord que c'était Mycroft qui avait réussi, d'une manière ou d'une autre, à me contacter à travers nos liens fraternels. Je me suis disputée. Avec tout le monde. J'ai quitté ma meute, et je suis partie. J'ai pris un billet d'avion. Je ne savais pas exactement où je devais aller. C'est mon instinct qui a parlé. Maisje l'ai laissé faire. J'ai appris à écouter mon instinct, pour éviter les chasseurs quand je suivais ma meute. Mon père n'est pas le loup le plus innocent qu'il soit.

En réalité, j'ai été attirée par autre chose que par mon frère. Je m'en suis rendue compte en arrivant. Ca dégageait une aura de puissance morbide. Un truc trop important et trop vieux. J'ai appelé ma mère pour lui dire que j'étais arrivée. Elle m'a fait parvenir les papiers nécessaires pour m'inscrire au lycée. Et un jour, en cherchant un appartement, je suis tombée sur quelqu'un. Quelqu'un de plutôt connu. Vingt-cinq ans, insupportablement souriant et avec de jolis yeux dorés quand il s'énerve. J'ai retrouvé Mycroft. Plus besoin d'appartement, donc. Je lui ai tout raconté. Absolument tout. Lui aussi. On a meublé la vieille bicoque qui appartenait apparemment à notre famille, achetant canapés, lits, télé et console.

Un truc mauvais se prépare, on le sent tous les deux. Il serait bon pour nous de nous trouver une meute. Il y a d'autres loups dans ce lycée où je vais. Il faudra bien choisir. Les Alphas sont passés par là récemment, j'ai peur de tomber dessus. Ils sont aussi flippants que le Croque-Mitaine, et c'est pas peu dire. Maintenant, je vis simplement, sans me prendre la tête avec les codes bizarres de notre famille, qui tente toujours de se rappeler à nous. Ou plutôt à lui. Moi je suis quantité négligeable, avec mon appareil photo toujours en main. Mais c'est mieux ainsi.


Je vous avais dit que j'étais douée en informatique, au point de savoir pirater des réseaux moyennement sécurisés ?

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