Once upon a time
Beacon Hill fut pendant longtemps, un souvenir dans mon esprit. Comme un tableau mais en mouvement dont les bruits s'estompaient au fil des ans. 

J'ai quitter Beacon Hill à l'âge de neuf ans avec ma mère. Je n'ai jamais compris pourquoi et chaque fois que j'attaque le sujet, ça dérive toujours sur autre chose, je reviens à chaque fois dessus mais ma mère fini par mettre fin à la discussion. Pourtant elle sait bien que je n'aime pas lorsqu'elle fait ça. Même mon regard de chat Potté n'y fait rien. Et pourtant, ce regard, il fait mouche à chaque fois. Avec elle, c'est comme si son coeur était gelé par le froid de la russie. 

Mais avant de vous parler de l'après Beacon Hill, je vais vous raconter un peu ce dont je me souviens. A commencer par mon frère, Oskar. 
Mon frère, c'est celui qui m'a appris à parler anglais alors qu'à la maison, les parents ils parlaient russe. je n'ai jamais compris ce truc de parler dans sa langue maternelle, on était aux États-Unis non? Pas en Russie. Bref, mon frère, il était tout pour moi, même si je n'avais pas trop de mal à me faire des amis, mon frère c'était...mon héros. Il n'était pas comme avec les autres quand nous étions ensemble. C'était MON frère. Je ne suis pas possessive...mais lui c'est le mien ! Quand j'étais en colère, il me laissait me défouler sur lui. Honnêtement qui ferait ça à part un grand frère? je n'ai jamais compris pourquoi il avait fallu le laisser avec papa au lieu de l'emmener avec nous. "C'est moins dur pour papa." M'avait elle dit pour seule explication. Non mais et moi alors? Ce n'est pas dur peut-être de se voir séparer de son frère?" Et puis elle m'avait menti pour que je monte dans la voiture. "On part juste faire des courses." Et Astrid, je n'ai jamais pu dire au revoir à Astrid ! Elle a dû m'en vouloir à mort de l'avoir laissé comme ça sans prévenir. Bon, elle avait déménagé, mais elle n'aurait pas pu me retrouver si je ne donnais pas d'adresse? Et Liam...je l'aimais beaucoup Liam...et je l'ai laissé là-bas aussi.

Bien entendu, de ce que je pouvais laisser à Beacon Hill, maman s'en contrefichait comme de la première pluie de météorites. Le voyage pour aller au magasin s'éternisait, quand j'ai compris que c'était un enlèvement d'enfant - parfaitement, ma mère m'a enlevée ! - J'ai hurlé dans la voiture, pendant au moins deux heures, j'ai hurlé. Pour couvrir mes cris, maman à monter la radio de la voiture. On a fini par s'arrêter au bord de l'autoroute. J'ai pris mon petit sac à dos - je l'avais toujours sur moi - et j'ai tenté de partir en direction de Beacon Hill, enfin dans le contresens de là où on allait. Maman n'a pas apprécié du tout, elle a hurlé et j'ai boudé pendant un sacré bout de temps. Je crois qu'à cause de la fatigue, je me suis endormie. On a pris l'avion ensuite, en abandonnant la voiture sur le parking. Ils ont dû croire qu'elle était piégée à l'aéroport. 

Trois ans, j'ai vécu les trois pires années de ma vie en Russie. J'ai détesté ce pays. D'accord maman était bien là-bas, il y avait mes grands-parents, des oncles et des tantes. Et puis des cousins et des cousines - des monstres. Je m'ennuyais de tout, de mon frère, de mes amis...de Liam. Non mais le premier amour d'une enfant ça ne s'oublie pas comme ça d'un coup de baguette magique. Et puis Papa, Il n'était pas très démonstratif, mais sa voix me manquait. Et puis un jour, papy a dit à maman qu'elle devait partir parce qu'elle ne pouvait pas continuer à vivre comme ça, et que je devais avoir un endroit stable ou vivre. Chez papy, ce n'était pas le cas. Il y avait du mouvement partout, je comprenais à peine comment fonctionnaient les cousins et comment les amadouer. Maman et papy se sont disputé aussi, et comme il avait raison, maman m'a dit de rassembler mes affaires et je n'ai plus revu le grand-père ni les autres depuis.

Quelques mois plus tard, on était de retour aux USA, à Boston. J'ai aidé maman à m'inscrire dans une école. Franchement au début, c'était l'éclate, et même après, mais j'étais vu comme "la petite russe de Boston" C'était sympa, les gens se bousculaient par curiosité et voulaient m'entendre parler russe. Bon, au début ça allait, après c'était un peu plus chiant, mais ça me convenait quand même. On s'intéressait à moi. Le problème restait le même, ma mère. Alors bonne, elle était passée d'aide-soignante à agent de propreté à cause de la langue, elle avait totalement perdu le peu d'anglais qu'elle avait. Heureusement, moi, dans mon sac, j'avais toujours des livres, je les connaissais par coeur à force, mais c'était toujours ça quand j'étais en Russie. Au collège, non seulement tout le monde me connaissait à cause de mes origines, mais aussi parce que je comprenais vite les choses essentielles pour survivre dans la "jungle". 

Et puis il y a eu le lycée, les soirées - souvent bien arrosées ont ne va pas se mentir - les garçons, même si là c'était beaucoup moins fréquent, cela ne s'arrêtait généralement qu'au stade du flirt. Il y en a eu juste un ou ça allait un peu plus loin, on ne s'est jamais réellement dit ce que l'on ressentait l'un pour l'autre, c'était comme une relation mais non avouée, une sorte de danse muette. ça a durer presque un an comme ça. Peut être aussi que parce que l'un comme l'autre nous ne nous sentons pas prêt, lui à aimer quelqu'un, et moi, à devoir me poser quelque part.

Ma vie mouvementée manque de stabilité, mais c'est aussi ça qui me fait me sentir libre. Je pars souvent sur un coup de tête, comme il y a 45 heures très précises...ou plus ou moins. J'ai juste laissé un mot à ma mère. "Ne t'inquiète pas, tout ira bien pour moi. N'oublies pas d'aller à tes cours maintenant que je ne suis plus là, débrouilles-toi." Je ne suis peut-être pas la fille qui a le plus de tacte, ni hyper démonstrative, mais je sais que quand j'ai un truc en tête, il faut que je le fasse, sinon ça creusera quelque chose à l'intérieur de moi, un sentiment de regret qui ne partira jamais ou quelque chose comme ça. J'étais partie pour Beacon Hill, la ville ou j'étais née, ou mon frère était peut-être encore là, et mon père. Honnêtement, j'espérais les revoir tous les deux, ils me manquaient terriblement. Papa était quelque chose comme tireur dans l'armée avant de se retirer, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas compris à l'époque. Je ne suis pas partie seule de chez moi, j'ai Loki. un bouvier bernois. J'ai fait une vie pas possible à maman en rentrant au lycée - donc j'avais quatorze ans - pour avoir un chien. Loki sait tous de ma vie, absolument tous, c'est la seule ancre que j'ai dans ma vie pleine de vagues. 

Behind the screen
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