Tsss, des fois ces élèves me faisaient désespérer. Franchement, leur bagage culturel pour la plupart était proche de celui d'une huitre. Et encore, je me demande si je exagère pas un peu. Peut être. Bon après bien sur, et encore heureux, ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a certains élèves qui connaissent certaines choses même les plus basique. Mais enfin quand même. Dans l'interrogation que je leur avait donné j'avais offert le point à la question "Qui a peint La Joconde ?" Mais que trois élèves me disent Leonardo Di Caprio. Soit, ils se foutaient carrément de ma figure soit il sont incultes. M'enfin bref, je n'allais quand même pas m'éterniser sur ce détail. Des cheveux blancs allaient commencer à apparaitre sinon.

Pour me consoler je me décidai à faire un tour. Aujourd'hui était un assez bon jour. Je n'avais cours que la matinée. Au moins chaque week end commençait Vendredi 12h et se terminait le Lundi à 8h. Un beau week end pour vaquer à mes occupations. Dans la petite ville de Beacon Hills, en apparence il faisait bon d'y vivre. en apparence car quand on voyait tous ces événements récents on pouvait se demander ce qu'il se passait. Néanmoins, on pouvait observer malgré les jours raccourcissant et le mercure baissant dans les thermomètres, des familles se baladant dans le centre ville. Chacune d'elle avait une histoire, une raison d'être ici à ce moment. Des fêtes à organiser, des anniversaires. Bientôt on verrait apparaitre les première citrouilles dans les magasins. Les film d'horreur recommenceraient à apparaitre sur les chaines de télévision, Les promos pour les déguisements. L'automne.

Cette période de l'année était une période que j’aimais bien. Rien que pour les forêts et bois qui passaient d'un vert rafraichissant à un rouge-brun calmant. La chute des feuilles était un moment magique. En parlant de feuilles mortes, un petit paquet virevolta vers moi guidé par un vent frais, un vent que l'on ne pouvait contrer que par un manteau. Bien que la période estivale fut encore proche derrière nous, le froid revenait à grand pas. On se baladait maintenant en manteaux ou au moyen avec des gilets, non plus en simples T shirts et bermuda ou jupes.

J'étais planté là depuis quelques minutes à regarder les feuilles devant moi, assis sur le banc un carnet à dessin sur mes genoux et mon sac contenant les copies tout juste corrigées à mes pieds. Le vent me réveilla et alors que je regardais autour de moi je remarquai une enseigne bien connu : Starbuck. Je rangeai mes affaires et entamai le pas à travers la route pour rejoindre le bâtiment. Je rentrai enfin sentant sur mon visage la douce chaleur de la salle et humant l'odeur de viennoiseries dans les vitrines.

Après avoir fermé la porte je me dirigeai vers le comptoir, regardant les pâtisseries puis la carte des boissons et finalement me décidai pour un chocolat chaud accompagné d'un donut. Banal mais c'était toujours ce que je prenais quand je venait ici seul. Je donnai mon nom puis allai m'asseoir à une table dans un coin là où on ne ferait pas à attention à moi mais où je verrais tout. Tout comme ce couple qui se dévorait des yeux tout en buvant leurs boisson et en se racontant certainement leur journée, ou alors ce jeune homme qui dessinait sur un calepin.

Ça m'intriguait. Je voulais savoir ce qu'il dessinait. A voir les geste de sa main, je pouvait facilement comprendre que c'était bien du dessin qu'il faisait. Il ne semblait pas être un étudiant en train de plancher sur une dissert' ou quelque chose dans ce genre. Je me demandai qu'il dessinait. Il était venu avec une boisson à la table et s'y était installé tranquillement. Il avait ensuite sorti son matériel et avait commencer à griffonner. De là où j'étais je ne voyais pas ce qu'il faisait mais j'avais remarqué qu'il ne semblait pas très concentré sur son œuvre. Il semblait ailleurs.

Après plusieurs années à enseigner j'avais réussi à capter les différentes positions et les tics que prenaient les gens selon leur état de concentration. Je fus ramené à la réalité quelques secondes plus tard car le serveur en service venait de m'apporter mon donut et mon chocolat chaud. Je le remerciai et pris ma commande. Inconsciemment, je portai la boisson à ma bouche et pris quelques gouttes sur ma langue sans prendre le temps de souffler. Je posai très rapidement et un peu brusquement le mélange sur la table en me frottant ma langue sur le palet. Comme un idiot je venais de me bruler. Une fois ma langue et la brulure calmée je regardai autour de moi pour voir si les gens avaient remarqué ma réaction pour le moins... débile. Heureusement rien ne semblait avoir changé. Les gens n'avaient pas fait attention à la pauvre personne que j'étais.

Entre temps, je vis le jeune dessinateur qui avait relevé la tête et me regardait. Nos regard se sont croisés et pendant quelques secondes nous n'avons pas bougé puis il reporta son attention sur sa feuille. Dessinait-il les gens autour de lui ? Avait il décidé de me prendre pour son modèle. Du moins dessinait-il vraiment car bien que je le supposais fortement je n'avais pas eu la preuve formelle qu'il dessinait. Une fois mes réflexions écartées je repris mon attention sur ma table. La feuille que j'avais commencé à dessiné avait été tachée par quelques gouttes du breuvage brulant. Dans un soupir j'arrachai la page et la mis sur le côté pour recommencer un dessin.

Cependant il me fallait quelque chose à dessiner, j'avais pas envie de dessiner quelque chose de tête. Je pris alors mon donut en bouche en relevant la tête pour trouver un sujet de croquis. J'observai tout d'abord l'extérieur, analysant la vie des passants, les feuilles qui tombaient, les voitures qui passaient. Pourtant rien ne m'intéressais. Je portai donc mon regard une nouvelle fois vers la vie à l'intérieur du Starbucks. J'observai chaque personne, le sol, le plafond, les murs mais à chaque fois mon inconscient revenait sur le jeune homme qui dessinai. Au final j'avais envie d'aller le voir lui parler, voir ce qu'il faisait. Toute personne décente ne faisait pas de choses de ce genre, et puis ma timidité me retenait. Tout ce que je fis au final fut de regarder le jeune homme dont je ne savais rien et attendit qu'il reporte peut être son regard sur moi. Peut être lui oserait-il venir vers moi, me parler. En attendant, je pris mon Donut et croquai une bouchée. Qu'est ce qu'il était bon !

Après avoir avalé la bouchée du donut, mon esprit divagua. Je voulais savoir ce qu'il dessinai, lui qui se concentrai au fur et à mesure que le temps passait. La boisson devait certainement avoir un peu refroidi et je tentai une gorgée. C'était la température parfaite. Je repris alors une ou deux gorgée avec un petit sourire au lèvres puis reportai mon attention sur le jeune homme. Je sentais que j'avais une certaine "attirance" enfin, mais comme dans les couples mais plutôt, je ne saurais pas définir, un intérêt, de la curiosité peut être. Oui, ça devait être de la curiosité.

Je ne bougeais quasiment plus, à part pour prendre un petit bouchée de la pâtisserie ou une gorgée du chocolat chaud mais sinon mon regard restait inconsciemment posté sur le dessinateur. Mon esprit divaguait un peu, je regardais légèrement dans le vide. Au bout de quelques minutes je remarquai qu'il n'avait pas bougé d'un poil. Si ça se trouvait, il ne dessinai pas de modèle présent mais ce qui sortait de son esprit. Sinon, il aurait certainement relevé la tête pour observer et étudier plus ou moins discrètement son modèle. D'ailleurs alors que je me posais toutes ces questions existentielles, il bougea. Plus précisément, il se tourna et me regarda. Il sembla assez surpris du fait que je le regardais aussi, et je ne sus comment réagir. Ma timidité me hurlait aux oreilles de reporter mon attentions sur mon donut qui était si bon, ou ma feuille de dessin définitivement vierge. D'un autre côté les muscles de mon corps, surtout ceux de mon cou, mes épaule, mon buste ne voulaient pas bougé, paralysés. Mon regard ne se détourna pas.

Il plissa les yeux sur un air de défi, nous n'allions quand même pas commencer un combat de regard, c'était si... puéril. Et puis les gens autour de nous allaient bien voir ce qu'il se passer et nous prendraient pour des fous. Je bougeai. Dans ma tête cela sonna comme un miracle comme ci c'était incapable de bouger. Cependant, ce n'étais pas pour me cacher car mon regard était toujours accroché au sien. Non, le geste consistait en un hochement de tête pour l'inciter à venir me rejoindre. S'il me regardait, il devait bien y avoir une raison. Peut être était je son modèle... ou pas, ce serait plus probable. Enfin bref, ma curiosité vainquit ma timidité, je voulais savoir ce qu'il faisait, ce qu'il dessinait, qui il était, Ce qu'il était même peut être.

Je quittai après quelques secondes son regard pour se porter sur la table à laquelle j'étais. Je pris mes crayons, ma trousse, et le papier que j'avais chiffonné pour les placer plus proche de moi. Alors une place assez grande pour un carnet à dessin et une collation se libéra. C'était clairement une invitation pour lui de venir me rejoindre afin que l'on puisse discuter. Ce serait une rencontre fort peu banale mais pas forcément mauvaise.