Once upon a time


« Le code ? Quel code ? Depuis quand est-ce qu’on doit suivre un putain de code ? » Grommelé-je avant de sentir des milliers de feux s’écraser contre mon visage. Une gifle fulgurante venait de me fendre la joue. Oh ça ils détestaient m’entendre être de mauvaise humeur, ils détestaient quand j’osais contester leur petit monde précieux et renfermé dans des règles et des préceptes qui n’avaient plus de valeur depuis bien longtemps, pourquoi se fatiguer à suivre des règles quand il s’agit de nettoyer la surface de la terre d’un mal certain après tout ? Je n’ai jamais compris ces motivations étranges et ridicules. J’avais seize ans, mais même à cet âge-là, j’avais besoin d’être corrigé visiblement. L’insolence de l’adolescence, je suppose. Trois ans auparavant, mes parents m’avaient enseignés à me servir d’un arsenal qui en ferait flipper plus d’un, on avait une maison de campagne très loin des grandes villes, dans un trou paumé, c’était pas compliqué de s’entraîner à lancer des grenades ou à utiliser des flingues sur de vieilles bouteilles vides. Honnêtement, je mentirai si je disais que ça n’avait pas plût au gamin que j’étais à l’époque ; un vrai p’tit soldat qu’on entraîne en avance. Ce genre de choses vous forge le caractère. Et même s’ils étaient très sérieux dans la formation au combat, mes parents refusaient que j’apprenne à utiliser des armes blanches ou des armes plus lourds qu’un simple pistolet, jusqu’à mes quinze ans. Là c’était poussés de croissance et avalanche d’hormones, il fallait tout m’apprendre très vite, ils étaient pressés et avaient envie de faire de moi une véritable petite arme sur pattes.

Vous devez sûrement être choqués d’apprendre que mon enfance, c’était ‘ça’, pas vrai ? Je vais vous faire une petite confidence, si j’ai été élevé de cette façon, ce n’était définitivement pas par hasard. Mais tout ce qu’on m’avait expliqué jusqu’à mes seize ans et cet épisode de la gifle, c’était qu’on me formait à devenir un héros, quelqu’un de bien qui serait capable de protéger et de défendre les siens. On n’avait pas besoin de m’en dire davantage de toute façon, puisque j’étais trop jeune et que ça ne m’intéressait pas vraiment d’en savoir plus à vrai dire. Revenons-en au moment où c’est devenu intéressant, voulez-vous ? J’ai seize ans, j’ose dire que l’idée d’un code est tout à fait stupide – gardez bien en tête que c’était la première fois qu’on m’en parlait – et mon père me gifle avec une fureur presque effrayante, qui suis-je pour oser remettre en question un code plus vieux que mes propres trisaïeuls ? J’aurai répondu si je n’avais pas peur de m’en prendre une autre. Enfin, là n’est pas la question. Concentrons-nous sur le bonhomme derrière la grosse main. C’est mon père, un type tout à fait ordinaire. Assez sympathique en général, mais plutôt conservateur. « Le code, Alex, c’est ce qui nous empêche d’être des monstres. C’est ce qui nous différencie de ces saloperies qu’on doit tuer. Et tu le sais. » Grogne-t-il en agitant un index devant moi, le visage couvert de frustration et de haine. Il ne sait pas se contrôler quand on remet en cause ses idées. Je n'aime pas sa façon de concevoir les choses, je n'ai jamais vraiment été d'un avis contraire, mais je ne dis pas non plus qu'il a raison. Mais c'est assez restreint comme façon d'observer cette situation.

Les détails, je vais vous les épargner, mais pendant plus d’une heure, j’ai été bassiné par des règles stupides et des sermons interminables, me faire répéter des choses qui sont tout de même restées dans mon crâne n’a pas grand intérêt, entre les cris et les grognements, j’ai retenu le plus important de ce code qu’il veut qu’on respecte : « On ne tue que ceux pour lesquels on a été payé. Pas de dommages collatéraux, toujours la cible. Ne jamais s’attaquer aux enfants ni aux vieillards. Pas plus de deux contrats à la fois. Si la cible n’est pas en possession de son libre-arbitre, elle n’est plus une cible. Et surtout, respecter les demandes du client. » Oui, vous avez bien compris, nous ne sommes pas des chasseurs dans la famille. Ce qu'on fait, on le fait pour l'argent, c'est une longue histoire généalogique de chasseurs de primes et de mercenaires, depuis pas plus loin que le seizième siècle, les Novak se partagent des primes pour tuer des créatures surnaturelles et c'est toujours le cas.

Tout à fait ordinaire dans un monde qui baigne dans le surnaturel comme le nôtre, pas vrai ? Ce n’est pas tout, cela dit. On le sait tous, il y a toujours un moment en particulier où l’on se convint qu’on est différents, que l’on n’est pas un tueur ou que l’on ne veut tout simplement pas faire prospérer cette horrible tradition familiale. Et tous les ados passent par ce genre de phases de rébellion, ce n’est pas pour rien que ça s’appelle la Crise d’adolescence. Et vous vous en doutez, j’ai fait la mienne à mes seize ans. Et dans une famille une famille d’assassins professionnels, dans une famille comme la mienne, croyez bien que c’est pire que dans l’ordinaire petit foyer à problèmes de banlieue. Oh ça non, ça ne rigolait pas à l’époque. Mes parents, mais surtout mon père, n’hésitaient à aucun moment à me frapper si je devenais trop chiant, je les comprends. Je suis un emmerdeur de première quand je décide de ne pas obéir. Comprenez-le tout simplement, j’étais un chieur mais je continuais de faire ce qu’ils me demandaient tout de même, juste pour le plaisir de dire non au final. Et puis, j’ai eu dix-huit ans.

Et les choses se sont un peu améliorées, dans la plupart des cas. Il y eut bien des moments où certaines choses retrouvaient cette tension palpable de la gifle qui attend d’être lancée en plein visage, mais la plupart du temps, c’était le silence complet et l’heureuse illusion d’une famille soudée et presque stable. Mais vous savez, ce genre de mascarades ne durent jamais bien longtemps et très rapidement on se retrouve frappé par le très violent poids de la réalité. Et c’est souvent insupportable. En quelques semaines, on apprend toujours à grandir, jusqu’à mes dix-huit ans, je n’avais pas compris la réalité de cette vie qu’était la nôtre. Avant mes dix-huit ans, comprenez bien que je n’ai jamais eu à faire face à la moindre créature ni à jamais utiliser une arme contre quelque chose de vivant, même la chasse ‘ordinaire’, je n’y participais pas. Ils ne voulaient pas.

Les jours comme ça passaient et se ressemblaient ; ils partaient en chasse, revenaient épuisés mais avec un gros sac plein de billets ; la plus grosse somme dont je les avais vu revenir avec devait être d’à peu près 25 000$. Et cet argent, ils ne l’utilisaient qu’en très petite quantité, jamais plus de 350$ par semaine. Sûrement pour n’éveiller les soupçons de personne. C’était une routine ennuyeuse, parfois ils partaient presque tous les jours pour revenir épuisés au soir et repartir le lendemain, d’autres fois pendant presque des mois entiers ils n’avaient pas le moindre contrat et devaient se contenter de vivre une vie ordinaire et de travailler comme des gens ordinaires. Puisqu’en effet, ce n’était jamais le mercenaire qui choisissait ses contrats mais l’inverse, cela aussi ça faisait partie du code des Novak. Oui, c’est un truc assez stupide quand on y pense un peu plus de trois secondes, mais allez savoir, c’est comme ça qu’ils font leurs affaires et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus de toute façon.

Quoiqu’il en soit, il arrive toujours un jour de toute façon où les choses changent, oui, je me répète beaucoup c’est vrai. Mais ce que je dis n’est pas tellement faux vous savez, ils attendaient de moi que j’ai dix-huit ans et que je prête allégeance au code ou une connerie de ce genre, j’ai préféré obéir et me taire, ne pas exprimer mon mécontentement et mon refus d’obéir à un code de ce genre, mais je l’ai fait pour leur faire plaisir, je n’attendais que ça. Enfin pouvoir utiliser une arme et tuer quelque chose, vous n’imaginez pas comme ça faisait du bien la première fois que j’ai fait exploser le crâne d’un loup-garou avec une balle. C’était tellement… Tellement bon. La pression du recul de mon pistolet, le bruit des os et de la chair qui vole en éclat, puis le hurlement de douleur du loup, même s’il guérissait déjà de la balle, il n’irait pas bien loin, une balle enfoncée dans sa cervelle allait lui faire éternellement mal. Et c’était le but.

Je n’étais pas tout seul, j’aurai été tué, ou pire ; changé. On avait capturé un loup-garou, un alpha. Le genre de monstre qu’on ne peut avoir qu’à plusieurs, il était furieux, mais enchainé et électrocuté à chaque mouvement brusque ; on devait lui soutirer un certain nombre d’informations, mais il n’était décidément pas du même avis, et la torture semblait insuffisante, alors on a continué de le torturer. Ne cherchez pas la logique, il n’y en a pas. Il ne faut pas vraiment s’attarder sur le pourquoi de cette capture, puisqu’il n’était pas la véritable cible de notre petit jeu, mais cet alpha était bien le seul à pouvoir nous indiquer où se trouvait notre cible, puisque c’était lui qui l’avait aidé à se cacher de nous. Mais peu importe ce qu’on essayait, et on en a essayé des choses, il ne voulait pas parler. Jamais, et il n’y avait plus vraiment d’autre choix, on ne pouvait pas le laisser repartir après tout ce que l’on lui avait fait. Il fallait le tuer.

J’ai jamais vraiment compris ce qu’il s’est passé ensuite, mais je me souviens de m’être pris un gigantesque coup dans la tronche, assez fort pour me faire m’évanouir, par quelqu’un qui était du côté de la bestiole qu’on avait capturée et pendant que j’étais inconscient, les salauds ont fui, l’alpha n’hésitant pas au passage à mordre ma mère. Quand je me suis réveillé, mon père la tenait dans ses bras, en larmes et elle le regardait, une main posée contre sa joue, marmonnant qu’elle était désolée, encore et encore et encore, et encore. C’était insupportable. Il continuait de pleurer et elle continuait de s’excuser, et moi, j’étais là, immobile. Silencieux, à regarder sa blessure pleine de sang et de peau déchirée. Elle serrait sa main libre sur celle-là, elle avait été mordue aux côtes, cet alpha était une vraie bête sauvage. Ils levèrent en même temps les yeux sur moi, et me fixèrent quelques instants, mon père trop en larmes pour oser ouvrir la bouche, ma mère me regardait d’un air plus serein et me demanda d’appliquer le code. « Je t’en prie Alex. Fais-le, pour ton père, pour moi… Pour nous tous. » Mon père l’aurait fait s’il n’avait pas été retenu par ses larmes et cet horrible sanglot incessant, elle essayait de le faire taire, il continuait de pleurer. Quant à moi ? Et bien j’ai récupéré mon pistolet, que j’avais lâché en même temps que je m’étais évanoui. Et je l’ai observé quelques instants, entre mes mains, avant de lever le regard vers elle et mon père. « Papa, éloigne-toi. » Lui ai-je ensuite demandé. Il hurlait contre moi maintenant, il me hurlait dessus, et je sentais cette colère grimper en moi, à chaque fois qu’il me criait de ne pas le faire, je sentais mes entrailles bouillir et hurlant à mon tour, j’ajoutais « Éloigne-toi, ou je devrais te tuer aussi ! » Son visage devint livide en un instant et il me regarda avec énormément d’effroi dans ses yeux. Avec regret, il lâcha finalement ma mère de ses bras et se mis de côté. Et tandis qu’elle me regardait le visage apaisé, ses yeux commençant à s’illuminer d’une lueur dorée, j’ai tiré. Puis j’ai tiré une autre fois, et encore une. Elle était morte. Finalement. On me dit souvent que je devrais éprouver du remord après avoir fait ça, que je devrais être triste, dévasté ou je ne sais quoi. C’est des conneries. Pourquoi devrais-je être triste d’avoir sauvé ma mère ? C’est stupide. Je l’ai sauvée d’une vie horrible soumise à des pulsions sauvages et animales, contre une saloperie incurable qui ravage des tas de gens et plutôt que de me dire que je devrais être dévasté par cet évènement, on devrait se réjouir que j’en sois fier.

Au final, la vie chez nous est redevenue tout à fait ordinaire dans cette-même routine, à ceci près que mon père et moi partions en chasse maintenant, pas ensembles, souvent de notre côté, parfois ensembles quand nécessaire, mais sinon tout était redevenu comme les autres jours bien avant la mort de ma mère. Bien sûr, il était moins heureux, ça se comprend, il avait perdu sa femme, mais il n’a jamais réussi à voir le bon côté des choses, au moins elle n’était pas devenue une putain de loup-garou. Et ça, c’était fantastique. Et puis j’ai eu vingt-et-un an, et mon père a été tué. J’ai récupéré mon argent, mes armes et ma moto, et je suis parti d’ici. J’ai vagabondé pendant un long moment avant de me décider à vivre en Californie. Oscillant entre Los Angeles et d’autres plus petites villes. Mais de fil en aiguille, j’ai entendu des tas de rumeurs à propos d’une ville, Beacon Hills, où il y aurait eu un afflux affolant de surnaturel. De quoi me faire des boules en or facilement. Un Kanima, une meute d’alpha, les Hale et quoi d’autre encore ? Cet endroit est un gigantesque terrain de chasse et ça va être amusant. Le lycée a l’air d’être un endroit turbulent, mais c’est chez les plus jeunes qu’on entend le plus rapidement les rumeurs les plus bizarres et les derniers potins, quoi de mieux pour être au courant de tout ? Un petit entretien avec le principal, quelques jours d’attente, un peu de charisme et de confiance en soi, et voilà, qui c’est le nouveau surveillant à BHHS ? C’est moi.
   

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   Pseudo / Prénom : "Hey machin là-bas" Âge : Dix-neuf ans et toutes mes dents Tu préfères les cookies ou les tartes aux pommes ? Cookies Comment t'es arrivé(e) ici : Y avait d'la lumière, alors j'suis entré Ton personnage préféré dans TW : Isaaaaaac Fréquence de connexion : n'importe quaaaand  :23:  Une ultime bafouille : Réponse D, Jean-Luc. Réponse D.