Aujourd’hui, on me connaît sous le nom de Lou Meredith Brandford. Cependant, à la naissance je me prénommais Lou Meredith Dawnson. Quel est la cause d’un tel changement, me demanderez-vous ? Vous pouvez penser que cela est dû à la séparation de mes parents, mais laissez-moi vous démontrer à quel point vous vous trompez ; mes géniteurs sont morts alors que je n’avais que quelques mois. Triste, n’est-ce pas ? Pas tant que cela, dans le fond, je n’ai pas eu le temps de me souvenir d’eux, donc je m’estime relativement heureuse. Ce n’était pas que je doutais de l’intégrité de Juliette et Matthew Dawson, bien au contraire. Mais étant leur fille, je pense qu’il aurait été bien plus difficile d’accepter leur décès si j’avais gardé un quelconque souvenir d’eux. Ce n’était donc pas une très grande perte pour moi, aussi cruel cela puisse-t-il paraître. Et fort heureusement pour moi, je n’ai pas été baladée de foyer d’accueil en foyer d’accueil … Non. Mes parents avaient des amis très proches, les Brandford, qui m’ont tout de suite accueillie chez eux dès qu’ils ont appris la triste nouvelle. Bénits soient-ils. Ils auraient très bien pu me laisser entre les mains des services sociaux, ayant eux-mêmes un enfant de trois ans mon aîné à  leur charge, mais ils n’en ont rien fait. Ils ont réussis à convaincre les juges que je ne poserais pas le moindre problème dans leur maisonnée et que, par la même occasion, je pourrais faire office de petite sœur pour leur garçon. Puis étant des amis de longue date de mes géniteurs, ils ne pouvaient décemment pas abandonner leur rejeton aux mains de n’importe qui. Leur discours larmoyant avait convaincu les juges et magistrats, qui n’y regardèrent pas à deux fois avant de donner les droits parentaux au couple Brandford. Je n’ai jamais été malheureuse avec eux, je n’ai jamais été mal-aimée ou maltraitée. J’ai toujours eu le ventre plein et chaud l’hiver. Ils m’ont toujours aimé comme si j’étais leur propre fille, la chair de leur chair. Leur fils, Harry, m’a toujours considéré comme sa sœur cadette et il n’était pas rare de nous trouver tous les deux en train de mettre au point les pires des bêtises. En somme, j’avais tout pour mener une vie des plus normale, mais voyez-vous … Dans le monde où je vis, où je suis née, rien n’est vraiment facile. Laissez-moi vous expliquer.

Cela remonte aux racines de la famille Dawson. Mes ancêtres de ce côté de la famille ont pour la première fois poser le pied sur le territoire américain alors que les premiers navires des colons venaient s’établir sur la côte est. Il paraît que notre ancêtre était d’origine anglaise et, en même temps, avait du sang écossais qui coulait dans ses veines. Un joli mélange en somme. Mais là n’était pas la question, non. Cet ancêtre, George de son prénom, était loin d’être quelqu’un d’ordinaire, bien que cela soit difficile à croire lorsque l’on voyait son allure plus que banale et nonchalante. Il avait certaines ‘’capacités’’ qu’il gardait secrètes, craignant que l’on ne l’accuse de sorcellerie ou autre… Il n’était pas un sorcier, juste un druide … J’ignore depuis quand ce genre de dons circulent dans la famille, mais George est le plus loin où mes parents ont pu remonter, le reste est assez flou après. Enfin, tout cela pour dire que je suis issue d’une longue lignée de druides. C’est cela, riez. Riez. Mais je vous jure sur mon honneur que cette histoire est vraie. George s’était donc établit à l’endroit qui allait devenir le Wisconsin, s’était trouvé une jolie petite femme et avait eu cinq fils ; Arthur, Daniel, Eric, James et Emett. Tous avaient hérité des capacités de leur père et étaient dotés d’un tempérament calme et réfléchi. Tous, sauf Emett. Enfin, Emett arborait lui aussi les mêmes capacités que George, mais il était impulsif et avait un goût pour l’aventure très prononcé. Ce qui le poussa, à l’âge de vingt-et-un ans tout juste, à s’éloigner de sa famille pour partir à la recherche d’une histoire qui ferait couler l’adrénaline dans ses veines. Et autant le dire tout de suite, il a été plus que servi ; durant ses longues années d’errance, il a pu croiser de nombreuses créatures et a pu affiner son don, se rapprochant de la nature et de ce qu’elle avait à lui offrir. L’histoire familiale dit qu’il manipulait les flammes à la perfection, grâce à sa nature impulsive. L’histoire familiale dit aussi qu’il s’est rapproché de ce qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de loup-garous, à un tel point qu’il en est devenu leur émissaire. L’histoire doit être vraie, si vous me demandez mon avis, car mon père – qui était un descendant direct d’Emett – était lui aussi un émissaire d’une meute qu’il connaissait depuis sa naissance. C’est d’ailleurs à cause de cette meute que mes parents sont décédés à ce jour. Je ne connais pas le nom de l’Alpha qui menait ce groupe et pour tout vous dire je m’en contrefiche. Je ne nourris aucun sentiment négatif à l’égard de la mémoire de ces créatures que mes parents considéraient comme leurs amis, je m’en fiche tout simplement. Après tout, mes parents avaient fait leur choix. J’étais juste déçue que ma mère – qui n’était qu’une simple humaine à la base – se soit retrouvée mêlée à tout cela, mais sans plus. La meute dont faisait partie mon géniteur a été décimée par un clan de chasseurs sans foi ni loi, qui a tué les loups et les humains, ne faisant aucune différence. Dire que j’avais la haine contre eux ne serait qu’un doux euphémisme … A cause d’eux j’étais devenue orpheline à l’âge de trois mois tout juste. Bien sûr, l’histoire que les rapports de police avaient fournie ne disait pas cela ; meurtre sans préméditation, mes parents étaient des victimes hasardeuses… Ah, s’ils savaient … ! Enfin, j’aurais pu être plus malheureuse, mais tout de même.

Voilà qui clôt donc le sujet ‘’Dawson’’. Passons donc au sujet ‘’Brandford’’. Les Brandford sont, eux aussi, issus d’une longue lignée de druides, tout comme mon géniteur. Les deux hommes se sont rencontrés au lycée, et ils étaient vite devenus inséparables. Le mari Brandford – qui se prénommait Thomas – avait été celui qui avait présenté Juliette à Matthew, puis il avait été le témoin à leur mariage. Puis il avait été désigné comme mon parrain à ma naissance. Il était donc logique que Thomas et sa femme – Madison –  me rapatrient à Beacon Hills et s’occupent de moi lors de leur disparition. De plus, il était possible que je manifeste aussi des capacités druidiques et ils ne voulaient donc pas que je me retrouve seule si ce moment venait à arriver. Et grand bien leur en prit. Car après avoir reçu la même éducation qu’Harry – mon grand frère adoptif, souvenez-vous – et le même enseignement particulier dès mon plus jeune âge, je témoignais certaines particularités.
Cela ne m’empêcha toutefois pas de mener une enfance assez normale ; je faisais les 400 coups en compagnie de mon aîné, je me faisais punir lorsque je me faisais prendre la main dans le sac, j’allais à l’école … Je vivais une vie normale en somme. Et je mène toujours une vie normale. Je suis une adolescente normale, qui a des problèmes de confiance en soi comme la majorité des adolescents de nos jours, et voilà tout. Si on oubliait le fait que je sois druide, je mène une vie toute simple, il ne s’est jamais vraiment rien passé d’extraordinaire dans ma vie, et cela me convient parfaitement. Je suis heureuse et fière d’être une Brandford et d’avoir du sang de Dawson qui coule dans mes veines, mais je suis aussi heureuse que mon souci majeur soit de réussir mon année au lycée de Beacon Hills pour faire la fierté de mes parents.