Une journée banale. Une lente agonie maussade d'heures maudites et d'une lassitude déconfite. Le soleil s’élevait à travers les nuages calfeutrés couvrant le ciel agité. Le gris de l'horizon peignait au sol les ombres du mauvais temps. Vous savez comme l'un de ces jours où vous restez chez vous, par peur de prendre la pluie. C'était exactement ce jour là. Seuls quelques rayons persistaient offrant un peu de luminosité aux habitants du quartier. Tu t'étais levée de mauvaise humeur, réveillée par les vibrations de ton portable en furie qui ne cessait de se mouver sur ton étagère. De ce fait, curieuse de cette soudaine agitation, tu étais sortie de ton lit, les yeux encore meurtris d'un court sommeil. Tes nuits étaient de plus en plus mouvementées depuis la manifestation de tes "fameux pouvoirs", enfin toi tu appelais plutôt ça une malédiction. Entendre des voix qui t'affligeaient une terreur presque oubliée n'était pas vraiment dans tes priorités. Tes insomnies non plus. Alors que ton sommeil te berçait dans cette lente léthargie de rêves désorganisés, t'oubliant à travers les bras de Morphée, l'horreur s’immisçait au sein de ton oreiller. Toutes tes peurs, tes faiblesses ressortaient à travers les images faussées que ton cerveau te donnait. Et ton coeur s’accélérait, tu te tordais sur ton lit, t'accrochant à cette fausse vérité. A ces illusions futiles, factices. Et la sueur s’immisçait sur ton front ta peau se consumant d'une douce brûlure. Pour finalement venir te consumer au milieu de tes respirations saccadées. Et tu te réveillais soudainement , ta poitrine fracturée d'accoue brutales. Cette horreur c'était Peter qui avait pénétrait dans chacun de tes pores, il t'avait infligé une telle douleur, que rien à l'énonciation de son nom ta peau se mouvait d'une chair de poule incontrôlable. Mais le passé était le passé et aujourd'hui était le présent. Alors évitons de te foutre des idées noires de bon matin. Donc tu t'étais levée, ouvrant les milliers de textos qu'on t'avait envoyé. Allison et Stiles t'avaient harcelé, un peu trop même. Inquiète, tu t'étais préparée en vitesse fixant un rendez vous devant le lycée. Et une fois arrivée, ta panique s’effaçait. En effet, tous les pires scénarios que tu t'étais fait étaient faussés. Tu étais simplement conviée à passer une journée barbante de plus. Seulement à la place de rien faire, tu allais devoir surveiller et te cacher dans une voiture pendant des heures et des heures. Et devinez avec qui? Quand Alli t'avais dit le nom de ton coéquipier tu croyais qu'elle se foutait de toi. Et bien non, car le fameux dit coéquipier était bien présent. Lui et ses beaux yeux océans. Et cette chevelure toujours emmêlée. Isaac. Oui, oui! Isaac. C'est pas comme s'il avait essayé de te tuer. Tu levais les yeux au ciel en le voyant, soupirant et maugréant. Pourquoi ne t'avaient-ils pas laissé simplement dormir? Stiles tentait d'argumenter sur le fait que ce n'était pas une bonne idée de te laisser avec lui. En vain....

Alors te voilà en voiture avec lui. Le silence comme seule musique de fond. Aucun de vous deux n'osaient parler, toi par simple non envie lui sans doute par appréhension. Ce dernier avait essayé de te tuer alors qu'il était dans la meute de Derek. Te prenant pour le Kanima, il avait essayé de te faire ingérer le venin de cette créature. Mais ce fut un premier échec, alors il assailla une maison où tu étais captive, sans aucunes raisons valables; C'est ce jour là que tu appris que ton petit copain était une créature démoniaque qui enchaînait meurtre sur meurtre. Ouais pas un bon souvenir. Depuis les choses ont évolués. La meute de Derek s'était un peu défaite et Isaac était entre deux bords, soumis à deux questions deux choix: celui du coeur ou de la raison. Il avait fait son choix et de ce fait, il se retrouvait avec toi. Peut être que si les choses se seraient déroulés différemment vous seriez amis. Au tout cas, aujourd'hui tu as la rancune difficile, et pour l'instant tu n'es pas absolument pas prête à lui offrir ta confiance. Alors tu restais sur tes gardes tous le long du trajet te muant dans un silence glacial. Mais une fois arrivée, ce dernier tenta de crever l'abcès. Il n'aurait pas du ,car à peine eut-il la bouche ouverte que tu lui coupais la parole violemment. " Bon écoutes, soyons clair, tu as essayé de me tuer , alors on va pas faire ami-ami." Ta voix était cassante, et tu ne cherchais pas à le ménager au contraire. Alors tu attrapais ton portable maudissant Allison derrière ce petit écran , et cloisonnant ton clavier de tes doigts affûtés. La journée allait être longue....Très longue.

L'ambiance était froide, glaciale de mots avides, douloureux. D'une douce résonance malsaine. Le vide comblant le creux infime d'une discussion envieuse de colère, de soupçons, de doutes. La réserve de chacun ne faisant qu’accentuer l’ambiguïté de cette scène peu commune. Lui comme toi, vous aviez fait des erreurs. Des erreurs incommensurables, lourdes de conséquences, de choix infaisables. Chacun s'étaient brûlé d'une factice animosité, cherchaient la perfection de l'imperfection en jouant avec les dés. En s'amusant de ce destin aventureux, de cet avenir en perpétuelle changement. Mais à force de trop jouer, vous vous étiez brûlés. Les flammes consumant le reste de vos conneries. Malheureusement pour lui, qui au fond te ressemblait quelque peu, il avait osé faire une chose que tu ne pouvais accepter. Tenter de te tuer. Forcément tu n'allais pas revenir la bouche en coeur ,avec un sourire en demi teinte pour dire amen à tous. Au contraire, tu étais plutôt le genre à arriver en mode boulet de canon prête à le dégommer en de milliers de petits morceaux. Tu avais une technique bien particulière pour te faire des ennemis mais aussi pour t'en défaire. Et lui, il allait payer lourdement le poids de ces gestes intentionnels ou non. Attendant le moment propice pour le stopper dans une quelconque effluve d'excuses, tu te préparais à tes premières attaques. Mais finalement, tu lanças l’assaut plus vite que prévu, lui crachant une phrase dont seule toi avait le don. Des mots imbibés d'un venin toxique, alcoolisés d'une colère avenante, rongeante. Une haine accentuée par tes nuits de cauchemars infidèles, éveillés. Par ce passé hantant et honteux. Ces morts, murmures infimes. Tes barrières et tes limites dépassaient depuis un petit moment déjà.   " Bon écoutes, soyons clair, tu as essayé de me tuer , alors on va pas faire ami-ami." Au moins, mettre le sujet sur le tapis t'avais libéré d'un poids. Tu ne voyais vraiment pas pourquoi tu le ménagerais après ce qu'il avait fait. Tu te promettais même d'arriver à tes fins qu'importe les moyens. Comme un célèbre dicton le dit " la vengeance est un plat qui se mange froid".

Tes yeux rivés sur ton portable, tu haïssais tes amis de t'avoir mis dans cette situation. Déjà cette histoire de la vieille te dépassait. Pourquoi ne pas t'appeler? Ok en ce moment, tu étais à deux doigts de craquer psychologiquement. Entre tes hallucinations, ta facilité à retrouver des corps en décomposition ou encore frais, tu avais quelque peu subi des dommages superficiels. Mais tu n'avais pas besoin d'être mise à l'écart. Ou encore moins de te retrouver dans des coups foireux comme celui ci. Franchement qui avait eu cette idée? Stiles? Non pas vraiment de son ressort et même il n'aurait jamais laissé le bêta t'approcher. Alors qui? Scott? Allison? Même venant d'eux ça t'étonnait. Certes Isaac essayait de s'intégrer dans la petite bande depuis son revirement de position, en fuyant Derek, choisissant un chemin moins cabossé mais quand même. Toi tu n'étais pas un choix évident. Même tu en étais un secondaire. Te foutre face à quelqu'un qui avait essayé de te meurtrir n'était foncièrement pas une idée révolutionnaire. Qui plus est lorsque la victime , donc toi, est foutrement têtue. Ce dernier sentant la froideur de tes mots, accusant le coup sans doute, se mit à soupirer avant de reprendre.« Ce n’était pas le sujet que j’allais aborder mais okay. Tu ne me laisse pas le choix. »Celui ci se redressa dans son siège , plongeant ces prunelles dans les tiennes et avec une grande conviction, il s'excusait.« Je sais que ce sera difficile de me pardonner. Je ne te demande rien, mais je suis sincèrement désolé d’avoir mis ta vie en danger. J’ai fait une erreur de jugement. » Une erreur de jugement, il se foutait de ta gueule, là vraiment. Donc pour une erreur de jugement tu méritais de crever. Pour l'incompétence de quelques demeurés, tu méritais le bûcher. Le jugement dernier. Le soubresaut des damnés. Oh non je ne crois pas. Pour des préjugés, pour des rumeurs, pour une hypothèse fumeuse, vraiment? Les traits de ton visage s'étiraient, ton sourire s'accroissant sur tes lèvres rosées. Et tu ne pouvais pas retenir ton anxiété, ta haine précoce, la colère en rafale dans tes pensées évadées. "Donc je méritais de mourir à cause d'une simple erreur de jugement? Voyons Isaac tu peux faire mieux. C'est la pire excuse que j'ai pu entendre de ma vie." Ton ton était sec, froidi par les meurtrissures de tes cicatrises profondes. Ton visage de porcelaine ne laissant que miroiter une cruauté opportuniste. Tu avais envie de rire nerveusement, signe tangible de ton agacement, mais tu n'en faisais rien jouant avec les drapés de ta robe bleuté. Il fallait que tu t'occupes les mains pour tenter de te calmer, pour éviter de déraper. Tu ne l'avais jamais porté dans ton coeur de toute manière, cet ado au sombre passé. Bien sur tu avais entendu son histoire, cette violence incrusté dans l'épiderme de ce père agressif, vulgaire. Cette tendance à effrayer son fils plus qu'à l'aider. Il n'avait pas vécu de choses faciles, il était un survivant et il suivait pour se faire accepter. Au fond, tu étais comme lui, mais tu étais trop rancunière pour lui accorder ton pardon. Même avec toute la volonté du monde ,tu n'y arriveras pas. Tes yeux se décoinçant de ces prunelles sublimes, tu guettais l'extérieur, observant chaque détail futile. Le simple mouvement des feuilles aiguisant ton attention. Au même instant, tes doigts se déposaient sur la radio pour l'allumer. La musique apaise les moeurs ... Pas chez toi en tout cas.